Psychologie

Le guide de survie pour mère de famille monoparentale

 


Votre Moi dans tous ses états
« C’est à cause de la crainte de la peur que le monde vit dans la trouille »
Francis Blanche

La perte

Le choc du divorce a été rude. Même si vous ne vous rendez compte de rien. Même si vos proches ne se rendent comptent de rien. Le divorce est toujours classé au top 50 des sources de stress, presque ex aequo avec les deuils ! Vos proches vous affirment déjà avec légèreté : « C’est une bonne chose, il n’était pas digne de toi ! », « Tu ne voyais pas qu’il te détruisait, mais nous ! », « Tu vas enfin pouvoir vivre ! ». Tout cela est vrai !

Cela étant, c’est vous qui devez vivre avec ce grand trou d’identité, cette part que votre conjoint a emmenée, celle que vous aviez consentie à construire avec lui. C’est vrai qu’il a emmené dans le même mouvement la moitié du compte en banque, la moitié des meubles, la vaisselle et les tableaux (dans les cas les plus simples). Mais ces parts-là se mesurent au grand jour. On peut dire : « Quel voleur ! Il a embarqué le service en porcelaine de grand-mère ! ». Mais comment faire entendre : « Ce monstre est parti avec une moitié de moi-même ! »

• Bonne pratique :

Fuyez ces terribles simplificateurs qui s’obstinent à nier les problèmes quand il y en a. Ils vous rendent coupable de souffrir et vous n’avez pas besoin d’un fardeau de plus.
Comme un amputé, à chaque fois que vous voudrez vous servir de cette base de données d’automatismes élaborée au fil de votre union, même pour réagir à un simple événement, votre réponse sera inadaptée. Spontanément vous dites encore : « Je vais demander à Pierre » ou « Pierre adore ça » ou bien « Si je fais cela, Pierre va hurler »… Il faudra du temps pour que vos synapses réagissent différemment, construisent d’autres réponses spontanées : « Ouf ! Plus besoin de demander à Pierre si je peux relancer le chauffage » qui deviendra quelques temps plus tard « J’allume le chauffage, j’ai froid ! ». En attendant, à chaque fois, ça fait bêtement mal, comme un boulet rappelé par un puissant élastique. Vous donneriez tout pour pouvoir vous débarrasser de cette douleur.

Le deuil

• Mauvaise nouvelle :
Même si le temps de reconstruction est différent pour chacun de nous, nous devons tous passer par les étapes du deuil [2] avant l’acceptation et la renaissance. Cette douleur-là va donc demeurer longtemps présente. Peut-être toute la vie. Mais ce n’est pas une raison pour l’accepter indéfiniment. Avec le temps, la douleur cesse d’être réparatrice pour n’être plus qu’un parasite. Elle vous prive du bonheur que vous seriez capable de reconstruire.
Il y a aussi un temps pour confier votre douleur aux bons soins d’un(e) psychiatre ou d’un psychologue compétent. Pour faire un dernier ménage de printemps dans vos synapses. Le divorce demande un terrible effort d’adaptation, source de stress voire d’angoisse à chaque fois que les conflits susciteront des menaces, pour vous ou vos enfants.

Doit-on y aller tout de suite, avant que la maladie ne soit trop développée, comme un cancer précoce qu’on ôte avant les métastases ?
Ce n’est pas vrai pour tout le monde. Chacun de nous semble avoir besoin d’un temps de digestion (1 mois ou 10 ans ?) avant de pouvoir rejeter ses sentiments parasites. Quant aux bons petits soldats, qui s’épuisent à répondre aux exigences de la vie et de leur entourage, ils seront vraisemblablement moins préparés que les autres à se poser pour faire ce ménage.

• Bonne nouvelle :
Les psychologues et les écoles de coachs s’entendent à dire que le chemin du deuil est plus facile quand on en connaît les étapes imposées. Devenues conscientes, elles s’accélèrent.

• Mauvaise nouvelle :
Quand la peur devient angoisse, quand l’angoisse devient tellement insupportable que le processus s’emballe, même chez les sujets les plus volontaires, même chez ceux qui ont toujours « pris sur eux » le suicide peut parfois apparaître comme la seule porte de sortie.
Avant d’en arriver là, sachez reconnaître que, même si cette angoisse vous habite à votre insu, elle ne vous appartient pas. Il est temps de la jeter à la poubelle. Courrez chez le psychiatre d’urgence !
Laissez tout tomber ou c’est vous qui allez définitivement faire défaut à ceux qui vous aiment.

• Bonne nouvelle :

Ca marche. On peut enlever l’angoisse comme une dent gâtée. Enfin presque. Ca ne fait même pas de trou sensible. Après « l’opération », on se demande comment on a pu vivre avec tout ce poids pendant si longtemps. Il restera des traces ! L’angoisse est une maladie grave, parfois mortelle. Un jour, au détour d’une émotion vécue, d’une séquence regardée à la télévision ou d’une brève lue dans un journal, vous allez la ressentir, aussi vivante qu’hier, comme une fulgurante douleur de rhumatisme un jour de changement de temps. Vous la reconnaîtrez. Elle a été longtemps votre envahissante compagne. C’est la vie.

Les étapes du deuil d’Elizabeth Kubler-Ross [2]

Cette psychiatre américaine a particulièrement étudié l’accompagnement des mourants. Pour elle, le processus de deuil comporte schématiquement cinq étapes qui se vivent successivement, parfois avec des aller-retours, parfois avec des chevauchements. Mieux vaut les prévoir et les assimiler que de se voir contrainte à les subir, à s’en inquiéter, voire à se révolter. Il y a toujours une forme d’injustice perçue dans la douleur du deuil.

Les étapes de ce processus ont été étendues plus tard à d’autres formes de deuils. Par extension, on peut considérer que tout changement est une forme de deuil par les renoncements qu’il implique. Nous redéfinirons donc les cinq étapes dans le contexte qui est le nôtre.

- Le déni est le temps où l’on nie l’irréversibilité, la culpabilité, les causes et les conséquences, voire même la réalité de la perte. C’est un temps illogique.
- La colère vient lorsque l’irréversibilité apparaît. On commence à mesurer les conséquences. « Pourquoi moi ? Ce n’est pas juste »…
- Le marchandage correspond au moment où l’on essaie de cerner à qui revient la faute… « Si je m’en sors… Je jure que »…
- La tristesse est le temps du regret, du regard sur le passé : ce bon vieux temps magnifié dont on oublie les moments difficiles.
- L’acceptation est le temps où l’on accepte ses erreurs, et les conséquences de celles des autres, celui où l’on peut à nouveau gérer des relations avec autrui et se construire.

N’oubliez pas que vos proches vont également passer par ces étapes, ainsi que vos enfants. Chacun prendra son temps en fonction de son aptitude au changement. Ainsi, pendant 10 ans, vous risquez de voir vos parents vivre dans la colère alors que vos enfants persistent à croire que leur père va revenir.
À leur tour, vos amis, vos collègues, vos enfants, vos parents, vos beaux-parents devront prendre ce chemin. Ce sera vrai dans le domaine social, intime, professionnel ou matériel…
Vous devrez aider à passer le pont car c’est vous qui y avez le plus intérêt. Sauf si vous continuez à colmater vos manques d’identité avec leur tristesse ou leur déni…
La connaissance du chemin et l’intégration de nouveaux outils pour y faire face permettent de parcourir les étapes plus sereinement.
Mais il faut pouvoir accepter chaque étape. Le pire serait de croire que vous pouvez en faire l’économie, dans un ultime effort de volonté et de pouvoir sur vous-même.

« Il vous faut sortir, voir du monde et des tableaux, entendre de la musique et du bruit. Vous menez une existence détestable, au milieu de souvenirs amers [...] La tristesse de tous vos jours vécus retombe de votre plafond, comme un brouillard ; votre coeur en est noyé ! Mais vous ne voulez pas guérir ! Vous vous inquiétez d’avance de mille petits détails secondaires. Comment me loger ? Comment me nourrir ? Que ferai-je de ceci ? Emporterai-je cela ? etc. Oh ! Comme on tient à ses douleurs ! Avouez-le ! »
Flaubert à Mlle Leroyer de Chantepie, juin 1859



Michèle Le Pellec est ingénieur dans une grande entreprise française.
Divorcée, deux enfants en bas âge, elle a fait face aux situations communes des mamans solos. Acteur syndical, elle s’est également impliquée dans les questions liées au harcèlement au travail. Diplômée d’une école française de coaching, elle n’a cessé de mettre en pratique ces acquis dans toutes les dimensions de sa vie, professionnelle et privée.
Auditeur qualité certifié par l’IRCA, elle met également la démarche d’amélioration continue au service du développement personnel et collectif familial.



A lire également...

La vie solo est-elle plus épanouissante que la vie à deux ?
L'eau de Paris : Expo gratuite pour tous !
Cours en ligne pour aider les jeunes à réussir
Louer poussette, siège bébé, trotinette...
La France malade du mal-logement
Les parents numériques : le rôle clé du mobile